Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mai 2024 6 11 /05 /mai /2024 20:16

En face du G7 qui apparaît comme un club regroupant exclusivement des puissances occidentales et libérales après la suspension de la Russie du G8 en 2014, quatre puissances émergentes (Brésil, Russie, Inde et Chine, d'où l'acronyme BRIC) se réunissent chaque année depuis 2009 lors de sommets internationaux qu'elles accueillent à tour de rôle. Elles ont été rejointes par l'Afrique du Sud en 2011 (d'où le nouveau nom de BRICS) puis par l'Egypte, les Emirats Arabes Unis, l'Ethiopie et l'Iran en 2024 (formant ainsi le groupe BRICS+). Plusieurs dizaines d'autres pays du Sud (mais aussi européens, comme la Serbie) ont exprimé leur souhait de rejoindre les BRICS+ qui tend à devenir l'expression du Sud global élargi à la Russie, alors que le prochain sommet est prévu dans ce pays, à Kazan, en octobre 2024. Récemment, c'est la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) qui a aussi manifesté son intérêt pour devenir membre des BRICS+. 

Carte des Etats membres des BRICS+ en 2024

Carte des Etats membres des BRICS+ en 2024

C'est un média spécialisé dans les cryptomonnaies, Cointribune, qui a évoqué ce souhait de la RPDC de rejoindre les BRICS+. Cet intérêt a été rapproché de la proposition russe de développer une nouvelle unité monétaire basée sur un panier des devises des Etats membres du groupe, ce qui remettrait en cause la domination du dollar américain.

Toujours selon Cointribune, la Corée du Nord, exclue du réseau SWIFT et plus largement des circuits financiers internationaux, aurait ainsi accès à des systèmes de paiement alternatifs. Engagé dans un bras-de-fer avec Washington, Pyongyang participerait aussi à la dédollarisation de l'économie.

Si les membres des BRICS+ se sont exprimés à plusieurs reprises pour une réforme des organisations financières internationales (FMI, Banque mondiale) et plus largement pour une nouvelle gouvernance mondiale - impliquant selon eux une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies -, ils ont aussi mis en place la Nouvelle banque de développement, basée à Shanghaï, dont l'objet est de financer des projets d'infrastructures dans les pays en développement, ainsi que de pouvoir mobiliser une réserve de devises pour faire face aux chocs financiers dans les pays émergents. L'absence de conditionnalité des aides tranche avec les règles qu'impose le FMI.

Principale source : 

Partager cet article
Repost0
6 avril 2024 6 06 /04 /avril /2024 16:16

Les régimes de sanctions mis en place par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) font chacun l'objet d'un suivi par un comités d'experts. Depuis son premier essai nucléaire en 2006, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) était soumise à des sanctions internationales qui ont été renforcées à plusieurs reprises, notamment en 2016 et en 2017. A l'occasion du renouvellement du mandat des experts chargés de la surveillance des sanctions internationales contre la RPDC, la Russie, membre permanent du CSNU, a imposé son veto, entraînant ainsi la fin des travaux du comité d'experts. La Russie a critiqué l'inefficacité selon elle du recours aux sanctions pour créer un dialogue qui permettrait d'améliorer la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne. 

Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU

Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU

L'époque où un consensus international permettait d'imposer puis de renforcer les sanctions internationales contre la RPDC semble bel et bien révolue. Dans le nouveau contexte géopolitique né de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, Pékin et plus encore Moscou tiennent Washington et leurs alliés comme les principaux responsables de la montée des tensions dans la péninsule coréenne, refusant à plusieurs reprises d'accroître un régime de sanctions - déjà sévère - pour sanctionner la poursuite par Pyongyang de son programme balistique. La Chine et plus encore la Russie étant mises en cause pour ne plus appliquer pleinement les sanctions internationales à l'encontre de la Corée du Nord, les puissances occidentales - à l'instar de la République de Corée (Corée du Sud) et de l'Ukraine - ont accusé Moscou, en imposant son veto, de chercher à dissimuler une coopération militaire majeure depuis une rencontre au sommet entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un en septembre 2023, la livraison d'armes conventionnelles et de munitions à la Russie contrevenant au régime de sanctions mis en place par le CSNU. Les deux pays prennent toutefois soin de ne pas afficher publiquement des échanges dans le domaine militaire. 

Washington, Londres ou encore Paris relèvent que des obligations juridiques dont la connaissance n'est pas sanctionnée n'ont pas d'effectivité. Les Occidentaux n'ont pas indiqué s'ils souhaitaient mettre en place un dispositif de surveillance en dehors du cadre des Nations unies.

Moscou a bien évidemment une interprétation différente de l'usage de son droit de veto - alors que la Chine s'est pour sa part abstenue, n'allant pas jusqu'à émettre un vote contre. Le représentant russe auprès du CSNU, Vassili Nebenzia, a mis en avant les conséquences humanitaires des sanctions ainsi que la nécessité de réouvrir la voie d'un dialogue avec Pyongyang, en appelant ouvertement à une révision du régime des sanctions. Le veto russe est ainsi présenté comme la conséquence d'une absence sur ce point non seulement d'accord, mais même de dialogue, des Etats-Unis et de leurs alliés. Le ministère russe des affaires étrangères a observé, dans un communiqué, que les sanctions internationales n'avaient pas non plus permis de créer les conditions d'une diminution des tensions internationales autour de la Corée, en estimant qu'il fallait désormais recréer les conditions de la confiance entre les différentes parties impliquées. Selon le communiqué du ministère russe : 

Pendant de longues années, les mesures de restrictions internationales n'ont pas aidé à améliorer la situation sécuritaire dans la région. Au contraire, en l'absence de mécanismes permettant de réviser et alléger ces sanctions, cet instrument est un obstacle majeur au renforcement de la confiance et au maintien d'un dialogue politique.

Ce n'est pas la première fois que la Russie fait usage de son droit de veto pour mettre fin à la surveillance d'un régime de sanctions en bloquant le renouvellement du mandat des experts en charge de son suivi : elle avait  procédé de même en août 2023 pour le Mali, où elle était déjà accusée de ne pas appliquer les sanctions internationales. 

Que ce soit la Russie plutôt que la Chine qui oppose son veto est conforme à un recours traditionnellement beaucoup plus important de Moscou que de Pékin au droit de veto - la Chine n'en faisant le plus souvent usage que lorsque ses intérêts directs sont en jeu. Par ailleurs, la Russie est davantage ciblée par les sanctions internationales que la Chine depuis le début de la guerre russo-ukrainienne. Comme la RPDC, elle se considère ainsi visée par les puissances occidentales : Sergueï Narychkine, qui dirige l'agence russe de renseignement extérieur SVR, a récemment rencontré à Pyongyang Ri Chang-dae, ministre de la sécurité d'Etat. Selon l'agence de presse nord-coréenne KCNA, les deux hommes ont discuté de l'espionnage et des "complots de plus en plus nombreux" des forces qui leur sont hostiles. 

Si les sanctions internationales se sont fortement développées après la fin de la guerre froide comme outil à la disposition des Nations unies pour garantir la paix et la sécurité internationales sans recours à la force armée, le contexte d'une nouvelle guerre froide en montre les limites. Faute pour les régimes internationaux d'être limités dans le temps, et en l'absence désormais de consensus pour les modifier, il n'y a d'autre choix pour un pays comme la Russie que de recourir au veto pour exprimer qu'elle ne partage plus les positions qui l'avaient amenée, par le passé, à imposer puis à renforcer les sanctions internationales contre Pyongyang. Plus largement, la coopération au sein des organisations internationales, au premier rang desquelles les Nations unies, restera durablement bloquée tant que se manifestera pas une volonté de dialogue de toutes les parties impliquées. A défaut, le droit ne sera plus qu'une arme dans les relations internationales. 

Principale source :  

Partager cet article
Repost0
20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 19:44

A l'occasion de la visite en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) d'une délégation gouvernementale russe, conduite par Alexandre Kozlov, ministre des ressources naturelles et de l'écologie, Moscou et Pyongyang ont convenu d'un renforcement de leur coopération dans les domaines commercial, économique, scientifique et technologique. Les accord ainsi signés augurent d'une intensification des échanges bilatéraux, alors que plusieurs projets sont au point mort - notamment pour les liaisons ferroviaires et dans le transport du gaz, malgré l'annulation de la plus grande partie de la dette bilatérale en 2012. 

Yun Jong-ho, ministre des relations économiques extérieures de la RPD de Corée, et Alexandre Kozlov, ministre des ressources naturelles et de l'écologie

Yun Jong-ho, ministre des relations économiques extérieures de la RPD de Corée, et Alexandre Kozlov, ministre des ressources naturelles et de l'écologie

Le réchauffement des relations politiques entre Pyongyang et Moscou a précédé le développement attendu des échanges économiques : alors qu'aujourd'hui la Chine est (de loin) le principal partenaire économique et commercial de la RPD de Corée, les Nord-Coréens cherchent à rééquilibrer leurs relations en se rapprochant d'autres pays. Dans ce contexte, les liens avec Moscou sont privilégiés, depuis la visite en Fédération de Russie du président Kim Jong-un en septembre 2023. Les protocoles signés à l'occasion de la visite du ministre russe des ressources naturelles et de l'écologie s'inscrivent d'ailleurs dans la continuité de la rencontre au sommet entre les dirigeants russe et nord-coréen, même si leur contenu n'a pas été divulgué - alors que la RPD de Corée est toujours soumise à un embargo sévère. La visite de Kim Jong-un en Russie l'avait conduit au cosmodrome de Vostotchny et dans des usines d'aviation civile et militaire. Pour leur part, Moscou et Pyongyang démentent la livraison d'armes nord-coréennes à la Russie, comme les en accusent les Etats-Unis et leurs alliés. 

Le déplacement dans la péninsule coréenne de la délégation russe a donné lieu à la tenue de la 10e session du comité intergouvernementale RPDC-Russie en matière de commerce, d'économie, de science et de technologie, le 16 novembre 2023 au Palais de la culture du peuple. Il a été convenu de "revitaliser" et d' "étendre" les échanges économiques, scientifiques et technologiques. Alors qu'en 1989, l'URSS représentait plus de la moitié du commerce extérieur nord-coréen, cette part était tombée à seulement 2 % vingt ans plus tard.

Un signe que les échanges économiques pourraient connaître un nouvel essor est la proposition de l'agence d'aviation civile russe (Rosaviatsa), rendue publique le 20 novembre 2023 par le journal Kommersant, de la reprise des vols réguliers entre les deux pays - avec une possible escale à Vladivostok. Une délégation de Rosaviatsa s'est rendue en RPDC pour en discuter avec ses homologues nord-coréens. Si la Corée du Nord avait maintenu des vols réguliers avec Vladivostok jusqu'à la fermeture des frontières dans le contexte de la lutte contre le Covid-19, l'après guerre froide avait conduit à la fin des vols directs entre Moscou et Pyongyang, Pékin devenant alors la destination privilégiée pour rejoindre Pyongyang. 

Sources : 

Partager cet article
Repost0
22 septembre 2023 5 22 /09 /septembre /2023 20:50

A la tribune des Nations unies, le 20 septembre 2023, Yoon Seok-yeol, président de la République de Corée (Corée du Sud), a mis en garde la Russie contre une coopération militaire avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) dont il a jugé qu'elle constituerait une "provocation directe" contre la République de Corée. Ces déclarations interviennent dans le contexte d'un accroissement de l'aide sud-coréenne à l'Ukraine. 

Coopération Russie-RPDC : Séoul met en garde Moscou

Qu'elle semble éloignée l'époque où, à la fin de la guerre froide, la République de Corée resserrait ses liens avec l'Union soviétique jusqu'à établir des relations diplomatiques, enfonçant un coin dans l'alliance entre Moscou et Pyongyang... Le nouveau contexte de la guerre en Ukraine a entraîné un rapprochement entre la Russie et la RPD de Corée, vivement condamné par le président Yoon Seok-yeol à la tribune des Nations unies au lendemain de la visite de Kim Jong-un en Russie :

Il est contradictoire qu'un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), a qui l'on a confié le rôle de gardien ultime de la paix mondiale, entre en guerre en envahissant un autre pays souverain et reçoive des armes et des munitions d'un régime violant de façon flagrante les résolutions du CSNU (...) Et si la Corée du Nord obtient les informations et les technologies dont elle a besoin pour renforcer les capacités de ses armes de destruction massive en échange de son soutien à la Russie avec la livraison d'armes conventionnelles, l'accord sera une provocation directe menaçant la paix et la sécurité de non seulement l'Ukraine mais aussi de la république de Corée.

Alors que les deux Etats coréens avaient cherché - et cherchent toujours - à ne pas être directement impliqués dans la guerre en Ukraine, les accusations américaines et sud-coréennes - à étayer - de livraisons d'armes de Pyongyang à Moscou font écho au soutien de plus en plus affirmé de Séoul à Kiev.

Si la Corée du Sud prétend toujours ne livrer que des armes non létales à l'Ukraine (et seulement du matériel comme des casques et des gilets pare-balles), elle est en revanche un fournisseur majeur de tout type d'armements aux alliés européens de Kiev, qui approvisionnent ensuite l'Ukraine.  Par ailleurs, après un déplacement à un sommet de l'OTAN en Lituanie et une visite en Pologne, le président Yoon avait rencontré Volodymyr Zelenski à Kiev le 15 juillet 2023. A cette occasion, il avait discuté à son homologue ukrainien de coopérations en matière d'énergie, d'alimentation et d'économie.

Le discours de Yoon Seok-yeol à Washington a entraîné une réaction de l'ambassade de Russie à Séoul, pour laquelle les déclarations du président sud-coréen "rejoi[gnent] la campagne de propagande initiée par Washington et relayée par les médias américains et sud-coréens et visant à discréditer la coopération russo-nord-coréenne". En réponse, le ministère des Affaires étrangères sud-coréen a demandé à la Russie de faire preuve de "transparence" sur ses échanges avec la RPDC. Enfin, dès le 21 septembre 2023 la Corée du Sud a élargi la liste des personnes sanctionnées unilatéralement par Séoul, en raison notamment de la vente d'armes nord-coréennes à plusieurs pays, dont la Russie.

Face à un axe Moscou-Pyongyang se dessine un axe Washington-Séoul dont une des principales conséquences est la diminution des relations russo-sud-coréennes, à contre-courant d'un approfondissement des échanges depuis la fin des années 1980.

Sources : 

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2023 4 14 /09 /septembre /2023 20:12

Le 13 septembre 2023, Kim Jong-un, secrétaire général du Parti du travail de Corée et président des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), a rencontré Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, au cosmodrome de Vostotchny, dans l'Extrême-Orient russe. Le choix de la Russie pour le premier déplacement à l'étranger du dirigeant nord-coréen après la réouverture des frontières de la RPDC, à l'issue de la pandémie liée au Covid-19, traduit la volonté des deux pays de renforcer leur alliance traditionnelle. Le président russe a par ailleurs répondu favorablement à l'invitation de visiter à son tour la RPDC au moment opportun. 

Vladimir Poutine et Kim Jong-un a l'aérodrome de Vostotchny

Vladimir Poutine et Kim Jong-un a l'aérodrome de Vostotchny

Le choix de l'aérodrome ultra-moderne de Vostotchny est significatif de la volonté des deux pays de renforcer leur coopération dans tous les domaines, y compris scientifiques, alors que la RPDC fait de son programme spatial l'une des composantes importantes de son développement dans l'édification d'un pays puissant et prospère. La Russie a d'ailleurs proposé d'envoyer dans l'espace un cosmonaute nord-coréen, ce qui serait une première pour la RPD de Corée. 

Le sommet s'est tenu à l'occasion du 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre Moscou et Pyongyang, après que le ministre russe de la défense Sergueï Choïgou a visité la RPD de Corée en juillet 2023, lors des commémorations du 70e anniversaire de l'armistice de la guerre de Corée.

Alors que la Russie et la RPD de Corée sont toutes deux soumises à des sanctions des puissances occidentales, les deux pays se sont engagés à renforcer leur coopération dans différents secteurs ("politique, économique, militaire et culturel", sans beaucoup plus de précisions), notamment pour faire face aux puissances "impérialistes" en réaffirmant leur attachement à la paix et au bien-être des peuples russe et coréen ; selon l'agence de presse nord-coréenne KCNA,  

 

[les deux dirigeants] ont discuté dans un esprit ouvert de questions importantes, notamment de coopération immédiate liées à la défense de la souveraineté, du développement et des intérêts des deux pays, de la paix et de la sécurité dans la région et dans le monde et de la justice internationale en renforçant davantage la coopération stratégique et tactique entre les deux pays. et en s'accordant un fort soutien et une solidarité l'un envers l'autre dans un front commun pour contrecarrer la menace et la provocation militaire des impérialistes, les pratiques autoritaires et arbitraires visant à piller l'indépendance, le progrès et la vie paisible de l'humanité, et ils sont parvenus à un accord satisfaisant et à un consensus de points de vue.

Si la coopération militaire était particulièrement observée dans le contexte de la guerre en Ukraine, aucune annonce n'a été faite quant à d'éventuelles livraisons d'armes nord-coréennes à la Russie - selon des allégations de Washington qu'a toujours démenties Pyongyang. Le président Vladimir Poutine a d'ailleurs réaffirmé, lors du sommet, que la Russie respectait les sanctions internationales contre la RPD de Corée.

Le programme de visite de Kim Jong-un en Russie comporte également, selon Moscou, des usines d'aviation civile et militaire à Komsomolsk et sa participation à une démonstration militaire de la flotte russe du Pacifique, à Vladivostok. 

Dans la liste des membres de la délégation nord-coréenne, le nom de la ministre des Affaires étrangères Choe Son-hui figure en deuxième position, devant ceux du maréchal Pak Jong-chon puis du ministre de la Défense nationale Kang Sun-nam, indiquant que les domaines politiques et civils occupent bien la première place dans les projets de coopération bilatérale. De fait, lors de la rencontre au sommet, côté russe les deuxième et troisième noms de la délégation sont ceux du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov puis du vice Premier ministre, ministre de l'Industrie et du Commerce, Denis Mantrov, avant le ministre de la Défense Sergueï Choïgou.

Visite de l'aérodrome de Vostotchny

Visite de l'aérodrome de Vostotchny

Sources :

Partager cet article
Repost0
6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 17:56

Selon Washington, une rencontre devrait prochainement avoir lieu entre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Si Moscou a refusé de confirmer ou d'infirmer cette annonce, un nouveau sommet entre les deux dirigeants nous semble effectivement probable. Plus que la date de la rencontre, ce qui importe est de resituer celle-ci dans le cadre des relations russo-nord-coréennes - alors que le précédent sommet Russie - République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a eu lieu en avril 2019 à Vladivostok et que la RPDC vient de rouvrir ses frontières

Rencontre entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine le 25 avril 2019 à Vladivostok

Rencontre entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine le 25 avril 2019 à Vladivostok

Un des rares avantages des guerres est qu'elles conduisent les services de renseignement à se focaliser sur l'adversaire, quitte d'ailleurs à négliger d'autres champs d'analyse : si la Corée du Nord reste un trou noir pour le renseignement occidental, en revanche le pouvoir russe est scruté avec attention. Dans ce contexte, c'est probablement par des informations provenant de Russie que la Maison Blanche a jugé être en mesure de pouvoir annoncer publiquement un futur sommet entre les dirigeants russe et nord-coréen. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, Adrienne Watson, porte-parole au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a accusé les deux pays d'être en discussions pour la livraison d'armes :  

Comme nous l'avons déjà dit, des négociations sur la fourniture d'armes entre la Russie et la Corée du Nord progressent activement.

La formulation reste toutefois prudente, en ne prétendant pas que des fournitures d'armes - qui contreviendraient aux sanctions internationales contre la RPDC - ont déjà eu lieu, même si de telles accusations ont déjà été formulées et démenties par les deux parties intéressées. De fait, dans le conflit en Ukraine, les deux Etats coréens souhaitent ne pas être directement impliqués

Par ailleurs, en ne réfutant pas la possibilité de manoeuvres conjointes avec la RPD de Corée, Sergueï Choïgou, ministre russe de la défense qui était présent à Pyongyang en juillet 2023 à l'occasion de la commémoration de l'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, semble surtout jouer avec les nerfs des Occidentaux, en laissant sous-entendre que la coopération militaire avec la RPDC pourrait prendre un tour nouveau : 

Nous en discutons avec tout le monde, y compris avec la Corée du Nord. Pourquoi pas? Ce sont nos voisins.

Si la Russie est l'un des deux voisins de la Corée du Nord, la Chine reste aujourd'hui - et de loin - son principal partenaire. Le resserrement des liens  politiques, économiques... - avec la Russie s'inscrit dans une volonté délibérée de Pyongyang de ne pas être dans un face-à-face avec Pékin, le nouveau contexte international résultant de la guerre en Ukraine ayant conduit à un resserrement des liens avec la Russie. Si les sanctions contre la RPDC n'ont pas ouvertement été dénoncées par la Chine et la Russie, il n'est pas (ou plus) dans l'intérêt de ces deux puissances de les voir s'appliquer, ni a fortiori de les renforcer malgré les nouvelles initiatives prises par Pyongyang en méconnaissance des précédentes résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). Dans la confrontation américano-nord-coréenne, Pékin et Moscou sont à présent extrêmement critiques contre Washington, accusant les Etats-Unis d'être responsables de la montée des tensions autour de la péninsule coréenne. Disposant d'un droit de veto, ils bloquent l'imposition de nouvelles sanctions par le CSNU.

Au-delà des aspects stratégiques - qu'il faut relativiser s'agissant d'une possible coopération militaire opérationnelle, la RPDC étant très soucieuse de son autonomie - la nécessité de relancer les échanges apparait cruciale pour l'économie nord-coréenne qui a été durement éprouvée par la fermeture des frontières dans le contexte de la crise liée au Covid-19. Selon la Banque de Corée (du Sud), le PIB nord-coréen aurait reculé pendant trois années consécutives. Pyongyang aurait un intérêt direct à la fourniture d'énergie par la Russie, ainsi que de produits alimentaires, tandis que l'embargo occidental limite les débouchés des produits russes. Par ailleurs, des travailleurs nord-coréens demeurent à l'étranger - y compris en Russie - dans des secteurs comme le bois et le bâtiment, alors que la sous-exploitation de l'Extrême-Orient russe, faiblement peuplé, constitue un facteur de fragilité pour Moscou. 

Enfin, une éventuelle rencontre, tout en réaffirmant une solidarité anti-impérialiste contre les Etats-Unis, pourrait aussi être l'occasion de renouer des échanges culturels et sportifs entre les deux pays. 

Source principale :

Partager cet article
Repost0
3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 21:46

Le 31 mai 2023, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a reconnu l'échec du lancement du satellite de reconnaissance militaire Chollima-1, en début de matinée, depuis le site de lancement Sohae. Alors que la RPDC entend poursuivre ses programmes militaires face aux menaces des Etats-Unis et de leurs alliés - dans un contexte d'escalade des tensions, marqué notamment par l'adoption de la déclaration de Washington - les puissances occidentales ne sont pas parvenues à faire condamner Pyongyang au Conseil de sécurité des Nations unies, Pékin et Moscou mettant en cause l'attitude des Etats-Unis dans la péninsule coréenne. 

Lancement du satellite Chollima-1 le 31 mai 2023 (source : KCNA)

Lancement du satellite Chollima-1 le 31 mai 2023 (source : KCNA)

Dans une certaine démarche de transparence, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a reconnu l'échec du lancement et tenu à en analyser les raisons, dans l'attente d'un examen plus approfondi des causes de cet insuccès - avant l'annonce d'un second lancement, après une phase de tests, dès que possible : 

La fusée porteuse Chollima-1 est tombée dans la mer de Corée occidentale (...) en raison du démarrage anormal du moteur du second étage après la séparation du premier étage pendant un vol normal. Le porte-parole de la NADA [NdA : l'agence spatiale nord-coréenne] a attribué cet échec au manque de fiabilité et de stabilité du système de moteur de type nouveau appliqué à la fusée porteuse Chollima-1 et au caractère instable du carburant utilisé.

Si Pyongyang avait prévenu le Japon du lancement du satellite (comme il est d'usage pour ses programmes spatiaux qui sont présentés comme étant pacifiques), le tir du 31 mai a entraîné des alertes inappropriées en République de Corée (Corée du Sud) et au Japon - soulevant des interrogations sur leur caractère opérationnel. Un appel aux Séoulites à se préparer à une évacuation était erroné, de l'avis même du ministère de l'intérieur sud-coréen, faute de menace sur Séoul. De même, les autorités nippones ont retiré, une demi heure après l'avoir lancé, un appel aux habitants d'Okinawa les exhortant à se mettre à l'abri. En 2012 et en 2016, La RPDC avait procédé à des lancements de satellites qui avaient survolé Okinawa.

Sans surprise, les Etats-Unis ont dénoncé une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, étant rejoints par Séoul et Tokyo dans leurs condamnations.

Mais la Chine et la Russie ont réitéré leur position, constante depuis un veto opposé en mai 2022 à une proposition américaine de renforcement des sanctions contre la RPD de Corée, selon laquelle les Occidentaux ont une responsabilité majeure dans l'escalade des tensions, en pointant - à l'instar de Pyongyang - l'impact de la déclaration de Washington. Les deux membres permanents du CSNU ont exhorté les Etats-Unis et leurs alliés à faire diminuer le niveau des tensions et à renouer avec la voie du dialogue, en soulignant que leur proposition conjointe de novembre 2021, en mettant fin à des sanctions toujours plus lourdes, a pour objectif de "favoriser la désescalade, la confiance mutuelle et l'unité" parmi les 15 membres du Conseil de sécurité, selon la formule de Geng Shuang, ambassadeur adjoint de la Chine aux Nations unies.

Sources :

- 38 North

Partager cet article
Repost0
27 février 2023 1 27 /02 /février /2023 22:57

Dans le conflit russo-ukrainien, les deux Etats coréens ont adopté des positions diplomatiques opposées : si la République de Corée (Corée du Sud) a condamné l'invasion russe commencée le 24 février 2022, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a au contraire rejeté les résolutions qui, à l'Assemblée générale des Nations unies, condamnaient la Russie - cette position s'inscrivant dans une démarche de plus long terme qui tend à développer les relations de Pyongyang avec Moscou. Mais, sur un plan davantage militaire, les deux Etats partagent la même volonté de ne pas être impliqués directement dans le conflit.

La guerre en Ukraine a fait couler beaucoup d'encre sur le fait de savoir si les Américains et les Européens, en fournissant directement des armes à l'Ukraine, devaient être considérés comme des co-belligérants. La réponse est difficile, car il n'y pas de définition claire de cette notion en droit international public, et pas davantage de consensus au sein de la doctrine. La Professeure Anne-Laure Chaumette, dans un article publié le 16 février 2023, a formulé les observations suivantes : 

Une partie de la doctrine a pu élargir cette approche et considérer que l’État qui fournit des armes ou une aide financière à un État en conflit devient partie à ce conflit et a le statut de belligérant. Mais la pratique et la majorité de la doctrine soutiennent au contraire que ces aides ne font pas de l’Etat qui les fournit un belligérant (voir par ex. Michael N. Schmitt) : ainsi, durant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ne sont considérés comme étant en guerre qu’à partir du 7 décembre 1941, alors qu’ils fournissaient une aide militaire aux alliés depuis la loi prêt-bail du 11 mars 1941.

Le Club des Juristes

Pour reprendre l'exemple d'Anne-Laure Chaumette, les Etats-Unis ne sont entrés en guerre (et donc devenus belligérants) que le 7 décembre 1941 avec l'attaque de Pearl Harbor, mais la fourniture d'armes aux puissances alliées, par la loi prêt-bail du 11 mars 1941, les faisait déjà quitter le statut de non-belligérants - ne pouvant plus être considérés comme neutres. De la même manière, selon la doctrine majoritaire en droit international public, dans la guerre qui oppose aujourd'hui l'Ukraine et la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne ne sont pas neutres ; ils sont non-belligérants (par la fourniture directe d'armes à l'Ukraine, qui plus est reconnue), mais pas belligérants (ou co-belligérants). A contrario la Biélorussie, en ayant permis aux troupes russes d'utiliser son territoire, est susceptible de voir sa responsabilité internationale engagée, toujours selon Anne-Laure Chaumette. Les sanctions prises contre la Russie ont ainsi pu être étendues à la Biélorussie, quand bien même les troupes biélorusses n'interviennent pas en Ukraine. 

Au regard de ces observations, comment qualifier la position de chacun des deux Etats coréens ?

La RPD de Corée a constamment nié fournir des armes à la Russie. Cette position s'inscrit dans une volonté de ne pas être partie au conflit, de respecter non seulement le principe de non-belligérance mais aussi de se conformer aux règles de neutralité fixées par les Conventions de La Haye de 1907. Une conséquence est également que les puissances occidentales n'ont pas adopté de sanctions supplémentaires contre la Corée du Nord au regard de son positionnement dans le conflit.

La République de Corée a de la même manière démenti que ses livraisons d'armes aux Etats-Unis seraient destinées à l'Ukraine - notamment en novembre 2022, pour un contrat d'achat de 100 000 obus d'artillerie de 155 mm. De même, si la Corée du Sud a permis de reconstituer les stocks d'armement de plusieurs pays de l'OTAN (notamment, la Pologne et la République tchèque, confortant son statut d'exportateur d'armes de haut niveau technologique), ces armes ne peuvent qu'indirectement approvisionner l'armée ukrainienne - ce qui, selon la presse tchèque, serait le cas pour des missiles sol-air portatifs KP-SAM, commercialisés sous le nom Chiron, livrés à la République tchèque. Malgré des sollicitations réitérées fin février 2023 par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, la République de Corée a par ailleurs maintenu sa position de ne pas livrer d'armes létales à l'Ukraine. Le soutien direct sud-coréen se limite à une aide civile. 

Dans le domaine des sanctions contre la Russie, Séoul n'a pas interdit le survol de son territoire aux avions russes en février 2022. En revanche, elle a participé à fermer l'accès de la Russie au système SWIFT et à interdire tant certaines transactions financières (notamment avec les principales banques russes) que les exportations de matériaux stratégiques. Ces sanctions ont été déplorées par la Russie - en des termes toutefois plus mesurés qu'avec les puissances occidentales. Le 28 février 2022, l'ambassadeur de Russie en République de Corée, Andrey Kulik, avait déclaré que les liens bilatéraux, qui s'étaient développés de manière régulière depuis 30 ans (et l'établissement de relations diplomatiques complètes en 1990), pourraient "changer de cap". 

Par le passé, les soldats tant nord-coréens que sud-coréens ont participé à des conflits : les premiers en Afrique subsaharienne (Ethiopie, Angola, Mozambique), les seconds au Vietnam.  L'attitude aujourd'hui de Séoul et de Pyongyang apparaît beaucoup plus en retrait, témoignant d'une volonté manifeste de ne pas s'impliquer directement dans un conflit susceptible de s'étendre à d'autres parties de la planète.  

Missile sol-air portatif KP-SAM sud-coréen (2013)

Missile sol-air portatif KP-SAM sud-coréen (2013)

Sources : 

Partager cet article
Repost0
23 septembre 2022 5 23 /09 /septembre /2022 20:29

Selon le Pentagone, la Russie, manquant de munitions, se serait tournée vers de nouveaux fournisseurs - dont la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) - pour l'approvisionner dans son effort de guerre en Ukraine. Pyongyang a cependant fermement démenti.

Affiche du Mouvement de la paix contre la guerre en Ukraine

Affiche du Mouvement de la paix contre la guerre en Ukraine

Selon John Kirby, du Conseil de sécurité national américain, pour pallier l'épuisement de ses stocks militaires la Russie se serait tournée vers la Corée du Nord pour acquérir "des millions de cartouches, de roquettes et d'obus d'artillerie". 

Ce n'est pas la première fois que la Corée du Nord était mentionnée dans le conflit en Ukraine : elle avait naguère été présentée comme étant sur le point d'envoyer des soldats combattre aux côtés des Russes, ce qui est improbable étant donné que Pyongyang a cessé d'envoyer des soldats combattre à l'étranger depuis plusieurs décennies - qui plus est ces envois de troupes s'opéraient dans le cadre privilégié des luttes de libération nationale. Mais cette fois les autorités nord-coréennes ont réagi en opposant un démenti formel à l'envoi d'armes en Russie. Selon un responsable du Bureau général de l'Equipement du ministère de la défense de la RPD de Corée, cité par l'agence officielle KCNA :  

Nous n’avons jamais exporté d’armes ou de munitions vers la Russie auparavant et nous n’envisageons pas d’en exporter.

Le même communiqué a dénoncé des "rumeurs", alimentées par "des forces hostiles". 

En tout état de cause, l'AAFC, fondamentalement attachée à la paix en Corée et partout dans le monde, se félicite du démenti nord-coréen : les fournitures d'armes à un belligérant prolongent un conflit auquel il convient de tout faire pour y mettre fin. Refuser des livraisons d'armes à un pays en guerre est une règle de base dans les efforts conduits par les Nations unies pour maintenir et rétablir la paix, quel que soit le pays considéré.

Nous réaffirmons aussi notre attachement au désarmement militaire et au refus des exercices militaires pour prévenir les risques d'escalade vers des conflits meurtriers et garantir que les différends internationaux soient toujours réglés par des voies pacifiques.

 

Source : 

Partager cet article
Repost0
9 septembre 2022 5 09 /09 /septembre /2022 10:46

Le 9 septembre 1948 était fondée la République populaire démocratique de Corée. Alors que la libération de la péninsule coréenne, au nord, a été le fruit des actions conjointes des partisans et des Soviétiques - comme l'a récemment rappelé le président russe Vladimir Poutine, dans un courrier à son homologue nord-coréen Kim Jong-un le 15 août 2022 - la fondation de la République populaire démocratique de Corée doit se resituer dans un contexte non seulement de partition de la péninsule, mais aussi de la mise en place d'institutions autonomes vis-à-vis des Soviétiques. Nous revenons ici sur l'autonomie acquise par les Nord-Coréens, dès les années suivant la Libération, vis-à-vis des Soviétiques.

Billet de 5000 won, représentant le Président Kim Il-sung, émis en 2008 à l'occasion du 60e anniversaire de la fondation de la RPD de Corée

Billet de 5000 won, représentant le Président Kim Il-sung, émis en 2008 à l'occasion du 60e anniversaire de la fondation de la RPD de Corée

Pour apprécier la nature des liens entre les Nord-Coréens et les Soviétiques, Bruce Cumings mentionne tout d'abord le nombre de conseillers soviétiques dans le nord de la Corée : 

Le nombre de conseillers soviétiques au nord n'a jamais été très élevé, même dans l'armée. Les sources britanniques estiment que les conseillers soviétiques au gouvernement central ont diminué de 200 en 1946 à seulement 30 en avril 1947, la plupart d'entre eux relevant probablement du ministère de l'intérieur. Le ministre de la défense sud-coréen a établi le nombre de conseillers militaires soviétiques à seulement 120 avant la guerre, ce qui est conforme avec les estimations des services de renseignement après le déclenchement de la guerre, affirmant que les Soviétiques utilisaient "approximativement quinze conseillers par division nord-coréenne".

Pour une approche plus globale de l'influence soviétique à cette époque, Bruce Cumings cite le diplomate britannique R. S. Milward, qui, tout en décrivant la Corée du Nord comme un Etat-satellite (suivant le point de vue répandu parmi les chancelleries occidentales à cette date), soulignait néanmoins son degré d'autonomie en écrivant en milieu d'année 1948 que :

[La Corée du Nord montre] d'apparentes similarités avec les Etats communistes occidentaux les plus autonomes comme la Yougoslavie. Kim Il-sung (...) avait grandi pendant la guerre comme un héros de guérilla presque légendaire... un Tito coréen. Par ailleurs, les Russes ont proposé de retirer leurs troupes de Corée, semblant faire confiance à leurs marionnettes (...) pour diriger le pays suivant les intérêts russes sans ingérence russe directe.

R. S Milward poursuivait en estimant que "cette autonomie de façade" était plus prononcée que "dans presque n'importe quel autre Etat situé dans l'orbite russe".

 

Selon Bruce Cumings, cette situation spécifique devait permettre à la toute jeune république fondée le 9 septembre 1948 de disposer d'une autonomie entre ses deux voisins géants soviétique et chinois. Nous ajouterons que, par la suite, lors de la dégradation des relations sino-soviétiques, cette position propre à la RPD de Corée l'a conduite à développer une idéologie propre, les idées du Juche. 

 

Source : Bruce Cumings, Korea's place in the sun, Norton et Company, New York, 2005. Extraits pp. 226-227 (traduits de l'anglais par l'AAFC).

Partager cet article
Repost0

Recherche

D'où venez-vous?